Vers une fermeture de la Suisse ?
Les Suisses devaient aujourd’hui se prononcer sur trois questions, dont deux au moins étaient jugées sensibles par leurs voisins de l’Union Européenne : le non-remboursement des actes d’IVG et la mise en place de quotas annuels pour limiter l’immigration en provenance de l’Union Européenne.
Si la première question est une question sociétale qui agite aujourd’hui plusieurs pays de l’UE- dont le nôtre avec les récentes « Manifs pour Tous », le second s’inscrit dans une réflexion politique ancienne, sur la place de la Suisse au sein de l’Europe. En effet, la Suisse, non-membre de l’UE, avait pourtant fait le choix de rentrer dans l’espace Schengen. Celui-ci instaure la libre circulation des hommes et des marchandises entre ses Etats membres, mais aussi un renforcement des contrôles sur ses frontières extérieures. Aujourd’hui, les Suisses ont voté à 50,3% pour la mise en place de quotas restreignant l’entrée des immigrants dans le pays.
Ce vote remet en question l’appartenance même de la Suisse à l’espace Schengen, Bruxelles ayant annoncé avant le vote qu’un « oui » aurait des conséquences négatives sur ses relations avec le pays helvète.
Alors qu’avant son entrée dans Schengen,, la Suisse comptait 20% d’étrangers, elle en a aujourd’hui 23,5%, dont 65% sont issus de l’Union Européenne, les Italiens et Allemands formant le premier contingent d’immigrés. Suivent ensuite les Français et les Portugais.
Le référendum, organisé à l’initiative de l’UDC (parti de la droite populiste suisse), est censé répondre à l’inquiétude posée par « l’immigration de masse » en Suisse. Il est intéressant de s’attarder sur la décomposition des votes. La répartition géographique est une première source de différenciation : la Suisse romane a voté contre cette disposition, tandis que les cantons germaniques se sont prononcés en majorité pour l’application de celle-ci. Par ailleurs, le gouvernement, une grande majorité du monde politique et le patronat étaient en majorité contre cette mesure, effrayés par l’idée d’un renfermement du pays sur lui-même. C’est donc le peuple, qui a le dernier mot en Suisse, qui a voté pour. En effet, beaucoup jugent cette « immigration de masse », responsable des différents maux qui frappent la Suisse d’aujourd’hui.
La fameuse neutralité Suisse va-t-elle franchir un pas supplémentaire ? Si jusqu’à aujourd’hui, les Suisses, non-membres de l’Union Européenne, avaient accepté le principe de libre-circulation des personnes, il semble aujourd’hui que même celui-ci soit remis en question : les helvètes seraient-ils tentés par l’isolationnisme ?